La blockchain est un nouveau paradigme technologique, et comme tout nouveau paradigme, ce n'est pas forcément évident de trouver des repères pour évaluer des projets.
De plus, vu que l'industrie de la blockchain évolue très vite, certains critères d'analyse peuvent être pertinents, mais ne le sont plus forcément au bout d'un certain temps.
Pour cette édition, nous allons faire un tour d'horizon des choses à examiner lorsqu'on analyse un projet blockchain
L'analyse fondamentale
L'analyse fondamentale cherche à comprendre la véritable valeur d'un actif en examinant divers aspects du projet. Dans la blockchain, il y a deux dimensions à examiner : le projet en lui-même, et les données sur la blockchain (dites “onchain”)
Le projet en lui-même
Même avant son lancement, un projet peut présenter beaucoup d’informations pour estimer sa valeur :
- L’équipe de développement. En regardant qui se trouve dans l’équipe, on peut avoir une idée claire des compétences, de l’expérience et de la réputation des personnes impliquées dans le projet.
- La documentation. Il est indispensable d’examiner le livre blanc (whitepaper) pour comprendre le but du projet, ses aspects techniques ainsi que son modèle économique.
- Les partenariats. Il est nécessaire de considérer les alliances stratégiques du projet concerné. Le nombre de partenariats importe, mais l’implication des partenaires est importante aussi (on peut se prétendre partenaire de Google alors qu’on utilise uniquement Gmail).
- La communauté. On évalue la taille et l’engagement de la communauté autour du projet, car l’adoption de ce dernier dépend essentiellement des gens qui l’utilisent.
Il existe aussi d’autres paramètres à prendre en compte, mais qui nécessitent de se renseigner au-delà du projet qu’on examine.
On peut citer par exemple la concurrence, où on évalue le positionnement stratégique et les avantages concurrentiels des projets rivaux.
Ou encore les aspects légaux et réglementaires. Ici, on doit considérer le cadre légal dans lequel le projet opère, et identifier les risques associés à la réglementation, en particulier la réglementation MiCA qui est déjà entrée en vigueur.
Les données sur la blockchain
Sur la blockchain, toutes les transactions sont auditables. On peut savoir quel utilisateur a interagi avec tel protocole à tel moment, et ça apporte une réelle transparence qui est primordiale pour examiner un projet.
En ce sens, énormément d’outils ont été développés pour pouvoir visualiser l’activité globale sur la blockchain, et c’est particulièrement utile dans la finance décentralisée car les plus gros protocoles commencent à se professionnaliser avec des prestataires de services, ou encore des bilans comptables.
Nous avons déjà réalisé un tour d’horizon des outils qu’il est possible d’utiliser sur le blog d’Alyra. Ceci dit, c’est une liste très loin d’être exhaustive.
Il existe des dizaines d’outils différents, et des dizaines de sources d’information différentes pour analyser des projets en profondeur. Ainsi, le but n’est pas de connaître un maximum d’outils, mais de savoir quel outil on va utiliser et de quelle manière, en fonction du projet qu’on évalue.
Exemple: 90% des informations importantes sur des projets de finance décentralisée peuvent être obtenues grâce à DeFillama. Mais ces infos diffèrent en fonction des projets examinés :
- Pour les plateformes d’échange décentralisées (ou “DEX”), on examinera l’efficience du capital (volume/TVL) ainsi que les rendements pour les fournisseurs de liquidité
- Pour les plateformes de prêts et d’emprunts, on examinera les taux d’intérêts des prêteurs et emprunteurs, ainsi que les revenus prélevés par le protocole.
Chaque projet blockchain possède des métriques "critiques" qu'il faut savoir identifier.
Les tendances (narratives) dans la blockchain
Pour tout un ensemble de raisons, certaines thématiques spécifiques à la blockchain sont plus populaires que d’autres pendant une certaine période, ce qui fait que même l’industrie de la blockchain a ses propres tendances.
La première tendance réellement notable de cette industrie remonte à 2020 avec le “DeFi Summer”, une période au cours de laquelle tous les utilisateurs de la blockchain prenaient conscience du pouvoir disruptif de la finance décentralisée, mais c’était également une période très chaotique avec de nombreux cambriolages et autres projets non aboutis.
Au fil des ans, d’autres tendances sont apparues avec les NFT en 2021, les bridges en 2022, l’Intelligence Artificielle en 2023 et le Restaking pour cette année.
Tout cela pour dire que les tendances sont un paramètre important à prendre en compte lorsqu’on évalue un projet blockchain:
- Un projet qui suit une tendance mais qui propose une véritable valeur ajoutée (selon l’analyse fondamentale) peut s’imposer très vite sur le marché.
- Un projet qui propose une véritable valeur ajoutée mais hors-tendance peinera à trouver son public, voire même se faire dépasser par un concurrent
- Un projet qui suit une tendance mais sans valeur ajoutée a très peu de chances de s’imposer à long terme
L’influence des tendances sur un projet blockchain est considérable, il faut donc faire la différence entre les projets qui bénéficient de cette influence, et les projets qui cherchent uniquement à en jouer.
Le financement des projets
Le financement est un aspect clé du développement d'un projet crypto. Pour analyser un projet, nous devons comprendre les mécanismes de financement et identifier ce que ça implique pour un projet.
Un des mécanismes les plus notables de financement sur la blockchain était les “Initial Coin Offering (ICO)” de 2017. Ce mécanisme est encore utilisé de nos jours, notamment par les fonds de capital-risque pour réaliser des financements.
Mais depuis ces dernières années, d’autres mécanismes de financement ont vu le jour:
Certaines blockchains possède des programmes de financement pour inciter les développeurs à créer leur projet sur leur réseau, mais ça peut impliquer une exclusivité du projet à cette blockchain
Il existe aussi des programmes de “financement rétroactif”, où l’on récompense les projets qui ont contribué à la popularité d'une blockchain. On peut citer par exemple le “Retro Funding” du réseau Optimism qui a distribué 10 millions de token OP à plus de 200 projets divers et variés.
Enfin, il y a le financement participatif notamment avec Gitcoin qui donne la possibilité à n’importe quel utilisateur avec un wallet de financer différents projets. Les financements via Gitcoin se déroulent plusieurs fois par an et les projets présentés changent régulièrement.
Ces nouvelles méthodes de financements ont leurs avantages et leurs inconvénients, qui doivent être évalués dans le cas où le projet blockchain y a recours.
Les tokenomics
Un projet blockchain peut réussir sans avoir besoin de token. Cependant, lorsqu’on projet émet un token, le succès du projet dépend à la fois du token et de ses fondamentaux.
Pour que ça puisse bénéficier au projet, il faut que les intérêts divergents (voire opposés) de tous les utilisateurs puissent converger grâce au token.
Si les plateformes d’échange décentralisées telles que Velodrome ou Aerodrome fonctionnent mieux qu’Uniswap, c’est surtout grâce à leurs tokens VELO et AERO.
Il peut aussi arriver que certains modifient leur tokenomics en cours de route.C’est le cas du protocole de liquidité Aave qui a annoncé le 25 juillet dernier plusieurs changements majeurs sur son token AAVE.
Actuellement, le token AAVE a 2 utilités principales :
- Avoir un pouvoir de vote dans la gouvernance d’Aave
- Staker le token pour participer à un fonds d’assurance. Les détenteurs de AAVE stakés sont rémunérés, mais perdent leurs tokens si le protocole subit de la mauvaise dette
Maïs utiliser son propre token pour un fonds d’assurance est une mauvaise idée : En cas de problème majeur (hack, beaucoup de mauvaise dette), le prix du token chute, ce qui fait encore moins de budget sur la sécurité, et on entre dans un cercle vicieux.
À partir de ce constat, Aave va modifier les propriétés de son token, selon le schéma ci-dessous :
Résumé simplement, le fonds d'assurance de Aave va profondément changer.Il ne sera plus possible de participer au fonds d’assurance avec le token AAVE, mais il sera possible d’obtenir une partie des revenus du protocole avec des AAVE stakés.
Pour analyser un projet, il faut donc évaluer ses tokenomics, mais aussi l’évolution possible de ses mécanismes au fil du temps.
Avec cette liste de critères à examiner, on a désormais un certain nombre de pistes pour effectuer l’analyse d’un projet blockchain.
Bien sûr, cette liste de critères n’est pas exhaustive, et beaucoup de détails ont été éclipsés pour rester dans le cadre de cette newsletter. Toutefois, si vous souhaitez approfondir encore davantage l’analyse d’un projet blockchain, Alyra va bientôt lancer une formation dédiée à cette discipline !
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