Chaque année a lieu l’Ethereum Community Conference, considéré comme le plus grand événement annuel consacré à cette blockchain et organisé par l’association Ethereum France.
Pour cette 7ème édition, la conférence n’a pas pu être organisée en France à cause des jeux olympiques, ce qui fait qu’elle a été organisée en Belgique, plus précisément à Bruxelles. Il n’empêche que, malgré le déménagement, il s’agit de la plus grande édition réalisée à ce jour, avec environ 8000 participants.
Plusieurs personnes d’Alyra sont présentes, et voici un condensé du ressenti de cet événement :
Le thème principal de l'événement
La thème principal de l’événement était “l’abstraction”. Rien que le titre “Abstracted” affiché sous le nom de la conférence en disait long sur les sujets abordés cette année.
Lorsqu’on parle d“Abstraction”, on parle très souvent d’expérience utilisateur, et cette dernière représente un des obstacles majeurs d’Ethereum à l’heure actuelle.
Aux précédentes éditions d’EthCC, la problématique majeure d’Ethereum était la scalabilité, car le réseau traitait environ 15 transactions par seconde, et coûtait cher à utiliser. Désormais, avec de développement des Rollups, sécurise 150 transactions par seconde, pour un prix très inférieur.
On peut donc considérer que la scalabilité d’Ethereum est “en voie de résolution”. Mais il reste encore beaucoup de problèmes avec l’expérience utilisateur
- L’utilisation des wallets est laborieuse
- Les rollups ont fragmenté la liquidité sur plein de réseaux différents
Pour que la blockchain soit massivement adoptée, il est nécessaire d’avoir une expérience utilisateur digne du web2, sans que l'utilisateur ait conscience d’utiliser la blockchain. Bref, il faut “abstraire” l'utilisation de la blockchain.
Plusieurs thématiques sont abordées en ce sens, à commencer par l’Account Abstraction qui permet d’une part à l'utilisateur d’interagir avec son portefeuille crypto de manière plus fluide, mais aussi de débloquer de nouvelles fonctionnalités comme des moyens de récupération autres que la seed phrase.
Pour illustrer les capacités de l'account abstraction, Cometh a présenté "red.cometh.io", une émulation de Pokémon Rouge où toute la salle pouvait voter avec son wallet pour décider des actions du personnage, à l'instar de Twitch Plays Pokémon.
Nous avons aussi les “intents”, un concept qui a été magnifiquement illustré lors d’une présentation du protocole Portikus :
Dans un projet blockchain, il y a une dissociation entre l’intention de l’utilisateur (se rendre à un rendez-vous), et la façon dont il s’y prend pour y parvenir (y aller à pied ? en voiture ? en fusée ?)
Dans un projet blockchain basé sur les intents, l'utilisateur a juste à présenter son intention, et le projet se charge de son exécution. Si on applique les intents aux plateformes d’échanges décentralisées, nous avons des exemples tels que CoWswap, UniswapX, ou encore Portikus.
Enfin, nous avons la “Chain Abstraction”, c’est-à-dire le fait d'utiliser la blockchain sans savoir laquelle on utilise. C’est une problématique qui a été constatée depuis le développement des rollups.
L’objectif de la Chain Abstraction est double. D’une part, regrouper la liquidité de tous les réseaux en un seul endroit, et d’autre part permettre aux utilisateurs d’utiliser plusieurs blockchains en une seule transaction, au lieu de faire une transaction par réseau.
La modularité est inévitable
Pour expliquer en quoi consiste une “Blockchain modulaire”, on peut faire une analogie avec le fonctionnement d’un langage. Un langage est défini par plusieurs caractéristiques :
- Vocabulaire
- Grammaire
- Conjugaison
- Orthographe
Une blockchain fonctionne de la même façon, avec plusieurs fonctions principales :
- Consensus, pour mettre d’accord tous les noeuds du réseau sur le prochain bloc à valider
- Données disponibles (ou “Data Availability), pour stocker les transactions
- Exécution, pour traiter les transactions
Ce concept était considéré comme expérimental quelques années plus tôt, et fait désormais partie intégrante du paysage d’Ethereum, à un tel point qu’il est difficile de tout suivre.
La couche d’exécution est assurée par les rollups d’Ethereum. Cela dit, les expérimentations sont légion dans ce domaine.
On peut citer par exemple les “Based-Rollups”. Alors que la plupart des Rollups existants utilisent un séquenceur (généralement centralisé) pour organiser et traiter les transactions, les Based-Rollups séquencent leurs transactions sur des blockchains déjà existantes, comme par exemple Ethereum.
Même les machines virtuelles utilisées dans les blockchains sont en train de se diversifier. Bien que la machine virtuelle d’Ethereum et son langage Solidity sont encore prédominants, il y a de plus en plus de machines virtuelles alternatives qui sont utilisées.
La première à laquelle on pense est la machine virtuelle de Solana avec laquelle on peut développer des projets en Rust. Certains rollups d’Ethereum ont leur propre machine virtuelle avec leur propre language comme Starknet (Cairo) ou Aztec (Noir)
Même les Rollups d’Ethereum bien établis cherchent déjà à implémenter d’autres machines virtuelles. On pense notamment à Arbitrum et sa mise à jour Stylus qui permet de coder en Rust, C ou C++.
Tout cela, sans mentionner tous les champs de recherche tels que les données disponibles ou le restaking. Par ailleurs, dans le domaine du restaking, Eigenlayer n’est plus seul en course puisque d’autres concurrents tels que Symbiotic sont arrivés.
On peut constater au cours de cette conférence que les recherches sur Ethereum partent toutes les directions. Nous ne savons pas trop où l’on va, mais il est certain que la thèse maximaliste selon laquelle une blockchain prévaut sur toutes les autres n’a plus vraiment cours.
Le ressenti
Parmi tous les participants de l’EthCC, le ressenti global de cette édition est unanime : il y a trop de choses à faire.
Le lieu est immense, les sujets sont très nombreux et il y a énormément de personnes à rencontrer, à un tel point que nous avons l’impression de ne pas avoir fait grand-chose, alors que nos journées sont objectivement très chargées.
Mais ça prouve par l’absurde que l’événement est exceptionnel, car il y en a pour tous les goûts :
- Des présentations pour se renseigner sur des projets
- Des workshops pour les développeurs
- Des débats pour les personnes qui aiment le spectacle
- Des stands avec des t-shirts et autres goodies en libre service
- Des stands proposant des cafés, des chocolats…
- Et même des installations insolites comme des salles d’arcade ou une piscine à boules
Cependant, la météo s'est révélée particulièrement capricieuse pendant l'EthCC, plus précisément le mardi. La pluie était telle que certaines rues étaient inondées, et malheureusement certains stands se trouvant à l'extérieur ont été endommagés.
Mais quand la seule ombre au tableau d’un événement est la météo, c’est une preuve de plus de sa qualité.
Même les “Side Events”, ces événements réalisés en parallèle de l’EthCC sont très nombreux et qualitatifs, tels que le “Stable Summit” dédié aux stablecoins, “L2Con” dédié aux Layer 2 ou encore “afkbrussels” dédié aux réseaux sociaux décentralisés basés sur Lens.
En conclusion, même si nous ne sommes qu’à la moitié de l’événement, nous pouvons déjà en déduire que cette édition de l’EthCC reste le lieu incontournable pour se renseigner sur tout ce qui est lié de près ou de loin à Ethereum.
On peut parfois se sentir accablé par l’immensité des champs à explorer et la technicité de certains sujets. Mais il est indéniable que cette édition est une immense réussite, et on peut saluer chaleureusement toute l’équipe d’Ethereum France pour avoir réalisé un tel événement.
PS : pour les personnes qui souhaiteraient tout de même accéder aux présentations des événements malgré leur absence, la plupart de ces dernières seront redifusées sur Youtube dans quelques semaines !
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